Xavier Corosine, basketteur professionnel encore en exercice au sein du club de Boulogne (ProB) et co fondateur associé  de « Space Jump » a accepté notre interview pour évoquer ensemble son actualité de sportif et sa vie d’entrepreneur. Découvrez à travers cette rencontre et longue interview très riche, ses 2 activités professionnelles qui mettent en lumière la réalité quotidienne de l’athlète de haut niveau, les questions fondamentales de la reconversion et transition professionnelle des sportifs, qu’il convient d’appréhender positivement, au moment opportun pour chacun.

Sans détour, Xavier nous partage le chemin parcouru, ses besoins, son quotidien, pour affronter ses questionnements et trouver son équilibre professionnel et personnel. De quoi donner envie à de nombreux sportifs de se questionner au bon moment à propos de leur carrière, qui va bien au delà de leur métier d’athlète professionnel.

Teameo Coaching : Xavier, où en est ta carrière sportive en tant que basketteur professionnel ?

Xavier : Ma carrière sportive reste ma priorité. Certains sportifs hésitent à se lancer dans un projet entrepreneurial de peur de mettre de côté leur carrière Pro. Moi, c’est pas du tout le cas. Le basket est ma priorité. Ca le sera tant que je serai en capacité de le faire mentalement et physiquement. J’évolue à Boulogne en Pro B et je suis dans la deuxième et dernière année de mon contrat. J’ai toujours l’optique de trouver un nouveau contrat l’année prochaine et de continuer ma progression personnelle. Ayant aussi conscience qu’à 31 ans, dans l’année de mes 32 ans en 2017, j’approche petit à petit de la fin de ma carrière sportive. Je suis conscient de cette réalité, je l’ai dans un coin de ma tête. Je ne me suis pas lancé initialement dans le projet « Space Jump » (Lire l’encadré) dans une optique de reconversion mais ça peut le devenir. Depuis des années, j’ai également un autre projet qui est celui de devenir kiné-ostéopathe. Est-ce que j’irai au bout de ce projet ou pas ? Est ce que « Space Jump » va prendre plus la place ? Vais-je repousser ou oublier ce projet kiné pour m’y consacrer pleinement, je ne sais pas encore.

 

TC : Xavier, peux-tu nous dire où en est ton projet entrepreneurial aujourd’hui ?

Xavier : Je pense que le démarrage a été assez difficile. Nous avons rencontré tous les problèmes que peuvent rencontrer de jeunes entrepreneurs (trésorerie, des prévisions trop optimistes…) La grande fierté que l’on tire de ce projet, c’est que malgré les difficultés rencontrées, nous sommes restés soudés. Début 2017, j’ai l’impression que nous avons passé un cap. Les vacances de noël ont été pour « Space Jump » les meilleures vacances depuis l’ouverture. Notre chiffre d’affaires nous permet aujourd’hui d’avoir une vision plus sereine de l’avenir. Nous sommes toujours dans la phase de décollage mais nous avons le sentiment que notre parc commence enfin à s’installer dans les habitudes de loisirs des franciliens. Notre Parc commence à faire partie du paysage des loisirs et divertissements proposés aux familles et aux sportifs.

 

TC : Quelle place prend aujourd’hui ton projet d’entreprise dans ton quotidien?

Xavier : « Space Jump » prend beaucoup de place dans mon quotidien. Comme nous sommes 4 associés, nous avons pris l’habitude de nous connecter sur whatsapp. Deux associés sont dans l’entreprise au quotidien et me donnent de l’information sur l’activité, me font part des problèmes rencontrés. Je suis collé à mon téléphone presque tout le temps ce qui ne plaît pas beaucoup à ma femme. Dès que je sors de l’entraînement et que je rentre à la maison, je prends des nouvelles auprès de mes associés. Je m’occupe des relations avec nos fournisseurs en Chine ou ailleurs, des réseaux sociaux. Je me suis occupé d’une campagne pour promouvoir « Space Jump » sur Youtube. Je n’ai pas de fiche de poste précise. Dès que je peux apporter ma contribution, je le fais. Du coup, ça décharge mes deux associés qui sont sur place et qui ont beaucoup de choses à gérer. Dans un avenir proche, on espère pouvoir repenser l’organisation et déléguer certaines fonctions à des experts métiers (marketing, commercial…). Pour le moment, notre implication est essentielle pour être au cœur de notre projet, investis dans toutes les tâches pour faire fonctionner la structure. Nous envisagerons la délégation plus tard.

 

TC : Quel rôle as tu aujourd’hui dans l’entreprise ?

Xavier : Je suis une sorte de facilitateur. J’essaie de contribuer à distance à faire avancer les choses, trouver des solutions aux problèmes rencontrés par mes associés. J’effectue mes recherches, je propose des solutions et on décide à 4 des actions à mettre en place. Il est important pour nous de prendre nos décisions collectivement. J’apporte ma petite touche sur les réseaux sociaux et la page Facebook de « Space Jump ». J’essaie de donner ce ton décalé, bon enfant qu’on essaie d’avoir dans le Parc. Nous avons des échos positifs des clients qui se sentent chouchouter par nos équipes. C’était un de nos buts avant de lancer le projet. On s’est mis à la place des clients. On veut mettre nos clients sur un piédestal, qu’ils se sentent bien accueillis, pour leur donner envie de revenir, de passer un bon moment, qu’ils se sentent bien. On prend plaisir à créer du lien avec notre clientèle. Nous sommes tous les 4 attentifs à notre clientèle et à son bien être. Mes associés et moi même aimons la vie de groupe, le vivre ensemble, et sommes très attachés au contact humain. J’apporte aussi le recul par rapport au quotidien de mes associés qui sont sur place tout le temps. Je leur permets de lever la tête du guidon et de prendre du recul sur les problèmes. Je leur donne ma vision, comment j ‘aimerai que les choses soient gérées et comment moi en tant que client j’aimerai qu’on s’occupe de moi. Nous avançons ensemble pour régler les problèmes les uns après les autres et trouver des solutions pour améliorer la qualité de services et augmenter la satisfaction de notre clientèle.

TC : Quel rôle voudrais-tu avoir à termes dans l’organisation ?

Xavier : J’aimerai avoir mon Parc et m’occuper de sa gestion. Evidemment pas seul parce que le travail de gestionnaire d’un parc de divertissement est colossal mais m’entourer de commerciaux, d’un responsable marketing…. J’aimerai apporter à ce parc ma vision des choses et ma touche personnelle. Je me vois comme dirigeant d’une structure de divertissement. Constituer une équipe de confiance et compétente pour faire fonctionner au mieux le parc.

 

TC : D’où te vient cette envie d’entreprendre ? Quel a été ton déclic pour te lancer ?

Xavier : J’ai eu assez tôt cette envie d’entreprendre. Je devais avoir une vingtaine d’année. En ce qui concerne le parc « Space Jump », ce n’est pas une idée qui vient de moi. C’est une opportunité que m’a proposée mon beau frère et qui m’a séduit. Nous étions deux au départ et nous avons contacté nos deux autres associés pour leur présenter le concept. Je ne pouvais pas me lancer sans Sébastien, un ami de longue date, mon meilleur ami et témoin à mon mariage. Je lui ai présenté le projet et il a adhéré. Il est vrai que Sébastien et moi avions le projet de créer une boite ensemble. A 20 ans, après une soirée, Sébastien et moi avons exprimé une forte envie d’entreprendre ensemble. On avait pas trop d’idées sur l’activité précise mais on avait envie de créer un lieu de convivialité et d’échanges. Un lieu de divertissement dans lequel les personnes se sentent bien et prennent du bon temps. Un lieu où on se sent bien nécessite de la part du personnel de l’accueil, du respect, de la courtoisie, de l’écoute et des petites attentions qui font, selon nous, la différence. Nous avons donc saisi l’opportunité quand « Space Jump » s’est présenté à nous.

 

TC : A quel moment as-tu commencé à réfléchir à ta reconversion professionnelle ?

Xavier : J’ai pensé très tôt à ma reconversion professionnelle. Je suis quelqu’un de très prévoyant et prudent. J’essaie d’anticiper au maximum, d’envisager le pire pour prendre les mesures nécessaires pour assurer mon avenir. Je me rappelle de la signature de mon deuxième contrat Pro que j’avais signé sur 2 ans à Chalon sur Saône. Avant, j’étais sur Paris et je n’avais pas besoin de voiture. A Chalon, il était nécessaire d’avoir un véhicule. J’ai pris un prêt sur mes deux ans de contrat. J’étais jeune et j’avais encore tout à prouver pour rester à haut niveau. Même si j’ai toujours eu confiance en moi et en mes capacités, je suis toujours resté prudent. Si ma carrière pro s’arrête, ma voiture sera payée et je n’aurai pas de dette. Il y a 5 ans, j’ai commencé à m’intéresser au métier de kiné. J’ai démarré des cours pour me remettre à niveau sur les matières scientifiques. J’ai vite constaté que pour moi, mener de front études était incompatible avec mon métier de basketteur Pro. J’ai mis ça de côté pour le moment. Anticiper l’avenir et mettre toutes les chances de mon côté pour réussir est une priorité. J’ai continué à me documenter sur comment devenir kiné après ma carrière professionnelle. Je devrai déposer ma candidature pour obtenir le statut de sportif de haut niveau, ce qui me permettra de rentrer en école de kiné sans passer par le concours.

 

TC : Dirais-tu aujourd’hui que ce projet «  Space Jump » est un avantage ou inconvénient pour tes résultats sportifs ?

Xavier : Je trouve que c’est un avantage. C’est un avantage parce que les deux m’apportent. Le basket m’apporte en entreprise et vice versa. Ca me donne une vision de l’entreprise que je n’avais pas forcément. Ca me permet aussi d’avoir une certaine sécurité maintenant que l’entreprise commence à bien marcher. Je commence vraiment à être rassuré par mon investissement. Ca me permet de me mettre un peu plus dans le basket en me disant que si le basket Ball s’arrête, j’ai quand même « Space Jump ». Quand ça ne va pas très bien côté basket, le projet du Parc de loisirs peut être une vraie bouffée d’oxygène et inversement. La notion de bien-être et s’occuper des gens est ancrée en moi. J’ai ce souci de mes coéquipiers au basket, je crée « Space Jump » avec cet envie de rendre ce lieu agréable et convivial. Le métier de kiné Ostéo m’attire aussi pour ça, pour l’approche bien-être qu’il procure.

 

TC : Etais-tu plus performant sportivement quand tu te consacrais à 100% pour ton sport ?

Xavier : Pas forcément. Avant que j‘ai la société, je n’étais pas forcément meilleur ni moins bon. J’ai toujours recherché un équilibre dans ma vie. J’avais déjà mon cocon familial et j’ai toujours pris du temps pour moi, me ressourcer seul ou en famille, réfléchir.

 

TC : Quelles sont les qualités indispensables pour mener à bien ce double projet ?

Xavier : Je pense qu’il faut de la patience, c’est un travail de longue haleine pour développer une activité commerciale, il faut aussi de l’envie, de l’implication. Mon vécu de basketteur professionnel m’a permis de développer la patience et l’engagement. On obtient des résultats avec la persévérance, sans renoncer à ce que l’on croit. Pour mener à bien ce double projet, je mettrai en avant mon envie d’entreprendre sans quoi rien n’est possible. Ensuite, il y a une part de maturité qui se caractérise chez moi par un besoin de sécurité, faire attention, anticiper les risques. Ma capacité à prendre du recul sur les événements est aussi importante pour rester constructif et positif.

 

TC : As-tu découvert chez toi des qualités nouvelles au travers de cette aventure entrepreneuriale ?

Xavier : J’ai souvent de bonnes idées pour le fonctionnement du parc. Mes idées sont, la plupart du temps, validées par mes associés et cela me fait plaisir. Ce n’est pas que cela me surprenne. Des idées j’en ai toujours eu, que ce soit pour « Space Jump » ou pour d’autres choses. J’ai de l’imagination et de la créativité. J’écoute et j’observe beaucoup ce qui se passe à droite à gauche. Je prends des idées dans différents secteurs et j’en fait quelque chose d’adapté à notre business (les tendances du moment, les envies des gens). J’essaie toujours de prendre le temps de l’analyse pour effectuer un premier filtre avant de partager mes idées aux autres. Je suis quelqu’un de posé et réfléchi. Quand j’avance une idée, je sais qu’elle peut contribuer positivement à la problématique soulevée.

 

TC : Quelles compétences ou comportements issus de ta pratique sportive à haut niveau utilises-tu en tant qu’entrepreneur ?

Xavier : Je mettrai en avant ma capacité et mon vécu de la vie de groupe. Je sais me mettre au service d’un collectif pour avancer vers un but commun. Je mettrai aussi mon esprit de compétition. Le business reste un monde de requins. Le marché du divertissement est fortement concurrentiel. Il faut montrer beaucoup de détermination pour le faire bien et avancer malgré les difficultés rencontrées. Le leadership est aussi une composante intéressante dans mon métier d’entrepreneur. Je suis à un âge ou je n’hésite pas à partager aux plus jeunes mon expérience en activant différents leviers avec mes coéquipiers pour les sensibiliser, les faire progresser. Ce leadership me sert aussi avec mon petit groupe d’associés. Je sais aujourd’hui montrer la voie, tenir compte des avis de mes associés, des clients, des collaborateurs, me mettre en avant quand cela est utile au groupe, savoir écouter les autres et valoriser le travail que font mes associés, mes collaborateurs et permettre à chaque membre de l’équipe de se sentir utile au groupe et les aider à progresser. Si ton équipe arrive à progresser grâce à ton soutien et tes interventions, tu es un bon leader.

 

TC : Qu’aimes-tu le plus dans ta vie d’entrepreneur ?

Xavier : J’aime l’action, les sollicitations de mes partenaires. Les problèmes à gérer sont nombreux mais toujours un peu différents. C’est le côté non stop qui me plait. Je suis dans un challenge permanent. Je dois sans cesse me remettre en question, toujours chercher des idées et des solutions. C’est intense et captivant. Cela stimule ma curiosité car j’aime bien savoir ce qui se passe et trouver des solutions pour progresser. Je pose beaucoup de questions à mes associés. Je m’intéresse à leur quotidien opérationnel sur le parc. Quand les problèmes sortent de mon champ de compétences, cela m’oblige à me renseigner, me documenter. Ca éveille ma curiosité et mon envie de trouver des idées. J’ai envie de trouver des solutions efficaces rapidement. Ca alimente mon côté compétiteur. L’adrénaline est différente de celle que me procure mon sport mais il y en a et cela me plait. Quand je suis sollicité pour résoudre un problème, c’est presque aussi intéressant que ce que je vis dans mon sport et la remise en question que l’on peut avoir après une défaite. J’aime identifier la cause du problème, savoir ce qui peut être mis en place pour ne pas le reproduire. J’aime cette remise en question, cette envie d’avancer et de progresser individuellement et collectivement pour être le meilleur possible.

 

TC : Quelles sont tes idées pour rendre ce projet économiquement viable sur le long terme ?

Xavier : Plusieurs axes. Continuer à se faire connaître. Continuer à investir dans des campagnes de communication, publicité, marketing. Développer notre offre de services. Proposer des nouveautés et innovations. Créer des événements pour donner envie de revenir. Développer le bar et la restauration pour que nos clients puissent manger le midi et boire un verre.

 

TC : Qu’aimes-tu le plus dans ta vie de sportif professionnel ?

Xavier : C’est une question difficile. C’est un peu comme dans un couple : c’est quand tu n’es plus avec la personne qui a partagée ta vie que tu te rends compte que c’était vraiment bien. Je suis tellement dedans tous les jours que j’ai du mal à me rendre compte du privilège que j’ai de vivre de ma passion. Mon métier de basketteur me permet d’avoir du temps pour moi, pour ma famille, pour mon entreprise. C’est un privilège car le temps est vraiment précieux. J’ai aussi la chance d’avoir deux mois de vacances l’été. Je voyage beaucoup et j’ai rencontré de belles personnes, des pays et des cultures différentes. J’aime aussi la relation avec les personnes qui nous soutiennent . C’est agréable de vivre une aventure collective avec nos supporters qui sont là et nous soutiennent dans la victoire et aussi dans la défaite.

 

TC : Au contraire, qu’aimes-tu le moins ?

Xavier : Ce que je commence à aimer de moins en moins dans le basket, ce sont les déplacements. J’ai toujours été quelqu’un de sédentaire, casanier. Plus le temps passe et plus cela devient pesant pour moi. Rentrer tard dans la nuit après le match, être décalé le lendemain, faire son sac… J’ai envie de passer du temps chez moi, avec ma famille. Les déménagements ne sont pas agréables non plus. Tous les 2 ou 3 ans, je change de club et donc de lieu de vie. J’ai aujourd’hui envie de poser mes valises et de m’installer plus de deux ans dans une ville.

 

TC : Dans un monde parfait, quels ajustements ferais-tu si tu pouvais ?

Xavier : J’aimerai me rapprocher de l’Ile-de-France et décrocher un contrat dans un club parisien ou proche. Cela me permettrait d’être plus présent chez Space « Space Jump » et d’apporter mon aide plus facilement. Les contraintes actuelles de distance et de calendrier basket ne me permettent pas forcément d’être dans le parc comme je le souhaiterai.

Merci Xavier pour ce partage d’expérience et belle réussite à toi.

 

Le concept

« Space Jump », nouveau concept de parc de loisirs en France, est un parc sportif et de divertissement, à trampolines interconnectés les uns aux autres, d’une surface de 1 000 m2 en Région Parisienne. Il peut accueillir jusqu’à 120 personnes simultanément. Il compte différentes zones :

  • Des Space dunk (terrains de basket)
  • Des Dodgeball (terrains de balles aux prisonniers)
  • Des Free Space (grands espaces pour faire des acrobaties)
  • Des kids Space (2 fosses à cubes en mousse pour y réaliser des figures et plongeons)
  • Des Wall Run, Space Fitness…

C’est un nouveau concept en France, déjà bien développé aux Etats-Unis.

Véritable lieu de joie et d’amusement, « Space Jump » est un lieu qui allie sport et détente, et qui plait à un large public : aux groupes d’amis et aux familles  puisqu’on peut participer aux activités avec ses enfants. Tout le monde peut trouver son bonheur que ce soit pour faire des figures, répéter, s’exercer ou tout simplement prendre du plaisir. Certains sportifs, gymnastes et skateurs (munis de planches en mousse) viennent aussi s’entraîner et répéter leurs acrobaties.

« Space Jump »

Zone d’activité de la Croix Blanche à Fleury Merogis. (91)

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Xavier Corosine, basketteur pro et entrepreneur
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